Ci-dessous l'article du Parisien du 01/09/2010: Interview de Thierry ADAM, au lendemain du décès de Laurent FIGNON, atteint d'un cancer.
Commentateur des deux derniers Tours pour France Télévisions avec Laurent Fignon comme consultant, Thierry Adam revient sur la dernière édition vécue au côté du champion, devenu son complice.
Comment avez-vous appris le décès de Laurent Fignon ?
THIERRY ADAM. J’ai su vendredi qu’il n’était pas bien.
Quel Tour avez-vous vécu à ses côtés en juillet ?
A la fin du Tour, avant le dernier direct, il m’a lancé sur le ton de la plaisanterie : « C’est peut-être notre dernier, Titi… » Je comprends mieux plein de petites choses. Dix jours après l’arrivée, j’ai envoyé un SMS personnalisé à chacun des membres de l’équipe, pour remercier chacun. Lui qui ne répondait jamais d’habitude m’a répondu une heure plus tard, me remerciant à son tour. Sur le coup, ça m’a touché. Avec le recul, je me dis qu’il savait.
Comment était-il cette année ?
Je l’ai trouvé dur parfois, avec Andy Schleck descendu chercher des bidons, ou avec Christophe Moreau, disputant les points de la montagne. Je le lui disais. Il se justifiait et me disait de ne pas m’inquiéter. Mais je sentais que, quelque part, il n’avait plus de comptes à rendre à personne, sinon à Valérie, à laquelle il était très, très attaché.
Evoquait-il sa possible disparition avec vous ?
On a beaucoup discuté de la mort tous les deux. Déjà, je n’étais pas sorti indemne du Tour 2009. Laurent savait qu’il allait mourir. Un midi, il m’a dit au détour d’une conversation : « Ce sprint-là, je crois que je ne vais pas le gagner… Je ne suis pas sprinteur, non plus ! » Il m’a dit qu’il n’avait pas peur de la mort.
L’avez-vous senti plus fragile cette année ?
Il a vécu un Tour 2010 beaucoup moins difficile qu’en 2009, où il s’absentait souvent pour aller dormir. Cette année, il était prévu qu’il ne travaille que sur huit étapes et il en a fait beaucoup plus. A part une petite alerte pulmonaire le jour du Tourmalet, il se sentait bien, il se passionnait. Il était beaucoup plus gai. Plus incisif aussi. Ça, c’était mon baromètre. Autant on se demandait si on n’avait pas exagéré un peu en 2009, autant j’étais sûr qu’il serait des nôtres en 2011.
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